Reportage RFI sur lancement programme Senghor
Sénégal: un nouveau groupe de recherche pour renouveler le regard sur Senghor
Au Sénégal, plus de 20 ans après la mort de Léopold Sédar Senghor, l’œuvre et l’action du « poète-président » comprend encore des énigmes et suscite des débats. Un groupe de recherche international vient d’être lancé à Dakar pour « revisiter » Senghor, homme aux multiples facettes.
Rien n’a bougé ou presque dans la maison dakaroise de Léopold Sédar Senghor, qu’il a habitée lorsqu’il a quitté la présidence en 1980. Devenue un musée, elle abrite environ 2 000 livres. « On les a laissés dans l’ordre où le président les a rangés », assure son ancien garde du corps, Barthélémy Sarr, le guide des lieux.
La conservatrice Mariama Ndoye occupe désormais le bureau de l’ancien président, au rez-de-chaussée. Le lieu raconte une partie de la vie de Léopold Sédar Senghor, mais « tout n’a pas été dit, loin de là » sur le Poète Président, affirme Alioune Diaw, professeur de littératures africaines et coordonnateur du projet de recherche à l’UCAD. Selon lui, le moment est venu pour « une relecture des études senghoriennes ». « Beaucoup de choses ont été dites sur Senghor, mais ce qu’il manquait, c’est cette distance-là. Ça va nous permettre de lire Senghor de manière “dépassionnée”. Nous n’avons pas vécu cette histoire politique ou bien cette histoire philosophique qui faisait que soit on s’opposait à Senghor, soit on le défendait. »
Un homme complexe
Le Dr Mouhammadou Moustapha Sow, enseignant chercheur en histoire contemporaine, participe au programme. Pour lui, l’image de Senghor est parfois caricaturale : « C’est un homme très complexe, démocrate et autoritaire. Son rapport avec la France, c’est aussi ça. Au même moment, on peut penser qu’il est l’homme de la France en Afrique, mais il y a d’autres textes de Senghor qui montrent que c’est un homme radical. Il ressemble à tous ces panafricanistes aussi. Ce qui en fait un homme aussi intéressant à analyser. »
Pour cela, il faut repartir des archives… Et celles de la maison Senghor à Verson, en Normandie, sont très attendues, explique Claire Riffard, de l’Institut français des textes et manuscrits modernes. « Nous espérons que les archives de Verson qui seront bientôt rendues accessibles permettront de découvrir de nouveaux éléments sur la poésie de Senghor, sur son œuvre politique, sur sa correspondance. De nouveau matériaux pour l’analyse précise de son travail à la fois de poète et d’homme d’État. »
Les travaux de recherche devraient être clôturés par un colloque prévu fin 2026.
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Claire Riffard (20 janvier 2023). Reportage RFI sur lancement programme Senghor. Crier-écrire. Consulté le 13 mai 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/qn9b